Erystos
Éléonore Pearson
23 ans ~



Enceinte et affamée, ce fut ainsi qu'elle se retrouva après avoir été reniée par ses géniteurs. Âgée d'à peine vingt ans, la jeune femme abandonna ses études d'économie et chercha un logement ainsi qu'un travail, deux choses plus que nécessaires. Elle trouva le premier sans trop de difficultés, bien qu'il soit plus que modeste, mais eu moins de chance pour le second. La jeune blonde retirait de ses oeuvres de maigres revenus, étant une artiste peintre dotée d'un certain talent, mais n'arrivait à obtenir un emploi stable.
Elle accoucha d'Alexandre assez rapidement, et ce fut à ce moment qu'elle dû se serrer la ceinture plus que jamais. Les besoins de son fils passaient avant les siens, et elle se retrouva de nombreuses fois à sauter des repas pour s'assurer qu'il ait des vêtements chauds et de la nourriture en abondance. Ces sacrifices marquent la jeune femme autant physiquement que moralement. Des cernes s'étendent sous ses yeux, ses joues se creusent, son enthousiasme en prend un coup. Mais Éléonore ne se laisse pas abattre, et vous la verrez toujours avec un sourire aux lèvres. Alors oui, sa richesse est limitée, mais son amour et sa gentillesse sont bien trop présent, et elle se fait parfois entuber. La jeune femme doit s'endurcir, et vite, ou elle pourrait tomber dans tous les pièges que la misère lui réserve.
~ Douceur et volupté la caractérisent,
mais sous la couronne de l'ignorance puérile, se découvrent l'aubépine et son dur exil ~

Photo d'Alexandre,
prise par un
photographe anonyme
qui se promenait dans
un parc.
«Ne mets plus les pieds ici !» tonna la voix caverneuse d'un homme, dont les yeux exorbités et les rides dures témoignaient de sa fureur. Sa moustache blanche oscillait avec les mouvements vifs de sa tête, dont l'afflux de sang suite à sa crise de nervosité l'avait rendue rubiconde.
Éléonore recula de plusieurs pas précipités devant l'air colérique de son géniteur. Jamais encore il ne lui avait parlé sur un tel ton, même quand elle avait volé un sachet de bonbons, alors qu'elle n'avait que onze ans.
Les mains de sa mère, auparavant délicates et empreintes de la douceur maternelle, se recroquevillèrent comme des griffes et attrapèrent rudement le bras musclé de son père, qui s'était arrêté à deux centimètres du visage de la jeune blonde. Éléonore écarquilla ses yeux embués de larmes devant ce geste. Ce bras, où elle pouvait poser son souffle tant elle en était proche, aurait pu faire valdinguer sa tête à l'autre bout de la pièce sans l'intervention de sa mère.
«Vas-t-en, ma fille.» murmura-t-elle alors, relâchant son mari pour pousser sa fille, rudement mais avec une certaine douceur, vers la porte.
La blonde ne résista même pas et après quelques secondes d'hébétude, elle tourna les talons.
